La situation mondiale des soins de santé évolue et les systèmes de santé fonctionnent dans des environnements de plus en plus complexes. Les traitements, les technologies et les modèles de soins nouveaux peuvent avoir des effets thérapeutiques mais également représenter de nouvelles menaces pour la sécurité des soins. On admet aujourd’hui que la sécurité des patients est un principe fondamental des soins de santé et un défi de plus en plus grand pour la santé publique mondiale. Les efforts déployés dans le monde pour alléger la charge des préjudices causés aux patients n’ont pas apporté de changement notable ces 15 dernières années malgré des innovations dans certains établissements de soins.
La sécurité des patients est assurée en l'absence de tout préjudice évitable pour un patient au cours du processus de soins de santé, ce qui suppose notamment de réduire au minimum acceptable le risque de préjudice inutile associé aux soins de santé. Le minimum acceptable est fixé en fonction des connaissances dont on dispose actuellement, des ressources disponibles et du contexte dans lequel les soins sont dispensés, mis en balance avec le risque associé à l'absence de traitement ou à tout autre traitement.
Chaque étape du processus de prestation de soins comporte un certain degré d'insécurité intrinsèque.
Pour garantir une amélioration durable et significative de la sécurité des soins de santé, il convient de disposer de politiques claires, d'une capacité de gouvernance organisationnelle, de données permettant d'améliorer la sécurité et de professionnels de la santé qualifiés, tout en bénéficiant de la participation effective des patients et des familles dans le processus de soins.
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Dans le domaine des soins de santé, la sécurité des patients est un problème de santé publique mondial urgent et sérieux. Les préjudices causés aux patients pèsent très lourd sur tous les systèmes de soins de santé du monde entier. Chaque année, un nombre inadmissible de patients souffrent de blessures ou perdent la vie des suites de soins de santé à risque ou de mauvaise qualité. La plupart de ces blessures pourraient être évitées. Le fardeau des soins à risque illustre largement l'ampleur et la portée du problème.
- Les préjudices causés aux patients en raison d’événements indésirables figurent sans doute parmi les 10 principales causes de décès et d’incapacité dans le monde.
- La plupart des blessures et des décès y relatifs pourraient être évités.
- On estime généralement qu'environ un patient hospitalisé sur dix subit un préjudice, et qu'au moins 50 % de ces préjudices peuvent être évités.
- Les pays à revenu faible ou intermédiaire concentrent environ les deux tiers de tous les événements indésirables résultant de soins à risque et le plus grand nombre d'années de vies perdues pour cause d'invalidité et de décès.
On estime que le coût des préjudices associés aux décès ou à l'invalidité permanente, qui entraîne une perte de capacité et de productivité des patients et des familles touchés, s’élève chaque année à plusieurs milliers de milliards de dollars américains. En outre, le coût psychologique subi par le patient et sa famille (associé à la perte ou à l'invalidité d'un être cher) est sans aucun doute considérable, bien que plus difficile à mesurer.
Consciente de l’énorme fardeau suscité par les préjudices causés aux patients dans le domaine des soins de santé, la Soixante-Douzième Assemblée mondiale de la Santé a adopté en mai 2019 la résolution WHA72.6 sur l’action mondiale pour la sécurité des patients, par laquelle elle a approuvé la création de la Journée mondiale de la sécurité des patients, qui sera célébrée une fois par an, le 17 septembre, et érigé la sécurité des patients au rang de priorité mondiale en matière de santé. Dans sa résolution, l'Assemblée exhorte les États Membres à faire de la sécurité des patients une priorité clé de leurs politiques et programmes liés au secteur de la santé, et demande au Directeur général de l’OMS d'ériger la sécurité des patients au rang de priorité stratégique clé des travaux de l’OMS, en particulier dans le cadre du programme relatif à la couverture sanitaire universelle.
Elle y prie également le Directeur général de l’OMS de formuler un plan d’action mondial pour la sécurité des patients en consultation avec les États Membres, les organisations régionales d’intégration économique et toutes les parties prenantes concernées, y compris dans le secteur privé. Ce plan sera fondé sur les principes directeurs de l’équité, de la durabilité et de l'application du principe de responsabilité. Le plan d'action proposé s'inspirera des plans d'action mondiaux existants élaborés par l'OMS et d'autres organismes de santé et de développement mondiaux et s'inscrira dans la continuité de ceux-ci. Face au mouvement mondial sans précédent en faveur de la sécurité des patients et à la nécessité impérieuse de mener une action concertée dans ce domaine et de s'aligner sur les objectifs de développement durable, le Directeur général de l'OMS a lancé l'initiative phare de l'OMS intitulée « Décennie de la sécurité des patients 2020-2030 », en février 2020.